'Nous devons faire comprendre au consommateur que l'huile d'olive a une valeur très spécifique et qu'elle doit donc être payée'

Quelle est la situation du secteur de l’huile d’olive en Italie?

On sort de deux campagnes complexes, dans lesquelles les incertitudes dérivées de la géopolitique mondiale et les effets du changement climatique ont créé une situation qui n’est pas facile à gérer. En Italie, la production d’huile d’olive à la fin de la campagne devrait se rapprocher des 300 milles tonnes, un 20% de plus que les 240 milles de la campagne précédente, mais avec des quantités inférieures aux 350 milles tonnes des campagnes les plus fructifères, et encore plus par rapport aux nécessitées du marché intérieur italien et de l’exportation, équivalentes à approximativement 1 million de tonnes.

N'empêche, la contraction de la consommation dans la distribution moderne n’a pas excédé le 10%, ce qui a fait que la rechute, redoutée par plusieurs, n’a pas eu lieu. Dans tous les cas, nous avons assisté à un repositionnement général de l’huile d’olive extra vierge, qui a pratiquement effacé la différence entre l’huile d’olive extra vierge d’origine commune et l’huile italienne, dont les ventes ont accru significativement dans le marché national dans un contexte de réduction.  

L'emballage, l’énergie et la logistique ont contribué plus à l’augmentation des coûts. Il n’existe pas de solutions faciles sur ces thèmes, toutes les entreprises ont essayé de réduire les coûts tout en évaluant les alternatives.

Quelles sont les principales variétés d’olives cultivées en Italie et comment ont-elles évolué ces dernières années?

En Italie, il existe plus de 500 plantations, fortement reliées au territoire et à la tradition oléicole locale. N’empêche, seulement quelques douzaines sont considérées comme étant rentables (leccino, frantoio, ogliarola, coratina, carolea, biancolilla, canino, moraiolo, dritta, ottobratica, peranzana, ravece, itrana, taggiasca, bosana, pendolino). À notre avis, il est nécessaire d’implémenter la production, en se centrant sur les plantations les plus résistantes et qui pourraient apporter à l’agriculture de précision, fondamentale pour contrebalancer le manque d’eau et l’érosion du sol.

Quelles sont les prévisions pour la campagne actuelle, en termes de volume et de qualité?

Il est très difficile de faire des prédictions. Il est clair que si cette spirale alimentée par la sécheresse et que les tensions internationales persistent lors de la prochaine campane, ça ne se soulagera pas. Le problème est que la réduction de la quantité de l’huile d’olive et l’augmentation des prix, dans un panorama d’inflation et d’incertitude économique, pourrait éloigner les consommateurs de ce produit, les orientant vers d’autres alternatives plus économiques. Selon des statistiques de l’UE, lors des dernières 5 années, la production d’huile d’olive a chuté dans toute l’Europe, en réduisant à la moitié les existences de fin de campagne. Ni même la récupération de la production en Italie ces derniers mois peut compenser cette chute dans d’autres pays producteurs. N’empêche, il n’y a pas de marche arrière et après cette période difficile il ne sera plus aussi automatique de revenir sur les promotions à prix cassés qui ont tant nui à l'image de cet aliment. L’ère de l’huile d’olive en tant que commodité est-elle finie ? C’est ce qu’il semble, heureusement pour nous. ASSITOL, qui s’est toujours battue contre la sous-évaluation, répète depuis des années que l’huile d’olive est un jus d’olives riche en vitamines et polyphénols, ce n’est pas un détergent, il est inacceptable de le traiter comme un produit bas de gamme dans le but d’attirer les clients grâce aux promotions.  Sa capacité de bien-être est unique, son goût est inégalable. L’heure de transmettre au consommateur le message que l’huile d’olive extra vierge a beaucoup de valeur et qu’il faut pour ce faire la payer à sa juste valeur, comme il se passe déjà avec le vin, est finalement arrivé.

La production intensive en Italie a contribué à la grande révolution des plantations d’oliviers dans votre pays, comment affecte-t-elle cette situation l’évolution de la production et des relations entre les différents échelons de la chaine de valeur?  
En Italie, la culture intensive de l'olivier ne couvre pas plus de 30 % de la production totale d'huile. Son développement serait sans aucun doute très utile dans un secteur qui, à ce jour, est très pauvre et a besoin d'être modernisé de toute urgence. La sécheresse augmente le stress hydrique dans les oliveraies cultivées de cette manière ; cependant, dans certaines régions italiennes, cette méthode agricole s'est avérée très fructueuse.

ASSITOL insiste depuis longtemps sur la nécessité de renouveler les systèmes et de se concentrer sur une perspective différente, qui envisage avec confiance la recherche et l'innovation. Notre secteur en a désespérément besoin.

Comment les exportations d'huile d'olive en provenance d'Italie ont-elles évolué ces dernières années ?

Ce scénario incertain préoccupe beaucoup l'industrie, surtout dans un contexte encore influencé par l'inflation des derniers mois et les tensions internationales. Pour nos entreprises, qui ont une forte propension à exporter, tout cela complique d'autant plus la planification. Cependant, les exportations restent l'un des aspects les plus dynamiques de l'industrie de l'huile d'olive. N'oublions pas que l'huile d'olive, à l'étranger, est le moteur de tous les produits de la diète méditerranéenne, car elle est considérée comme une icône du Made in Italy qui est également bonne pour la santé. En 2023, on assiste à une baisse de plus de 20 % des exportations, dans des pays tiers moins habitués à consommer de l'huile d'olive, liée à la hausse des prix : une situation qui s'explique par la hausse des prix et la crise qui a également touché des pays où les consommateurs à haut pouvoir d'achat, comme la Chine, avaient montré une grande appréciation pour l'huile d'olive extra vierge. Cependant, même dans ce cas, on ne peut pas parler d'effondrement et les perspectives ne semblent pas si négatives. La véritable variable à gérer est la situation internationale, qui est la question centrale à résoudre.

Quels sont les principaux défis auxquels la production d'huile d'olive est confrontée aujourd'hui et comment se présente l'avenir ?

L'industrie travaille déjà sur une nouvelle façon de produire, qui soit non seulement durable sur le plan environnemental, mais aussi sur le plan économique et social. Valoriser l'huile d'olive, c'est rémunérer l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement et relancer le secteur. Nous devons le faire tous ensemble, en impliquant les opérateurs du champ au supermarché. Nous avons besoin d'une nouvelle vision du secteur, axée sur l'innovation et l'efficacité dans tous les processus. Travailler sur l'efficacité de la production signifie également ouvrir notre oléiculture à de nouvelles technologies de précision, capables de contrebalancer la consommation du sol et le gaspillage de l'eau. Il s'agit d'un domaine dans lequel l'Italie a encore beaucoup à faire et où nous risquons de nous laisser distancer une fois de plus.

Les technologies d'évolution assistée peuvent aider à trouver des solutions aux maladies des plantes telles que la xylella fastidiosa.

Comment le Congrès peut-il aider à relancer le secteur en Italie et contribuer à sa croissance? 

L'huile d'olive est bien plus qu'un simple condiment et n'est certainement pas une graisse alimentaire comme les autres. C'est un véritable jus bénéfique pour la santé et il convient de le communiquer et de le percevoir comme tel, en le distinguant des autres graisses et condiments.

La recherche scientifique a attesté de ses bienfaits nutritionnels et sanitaires, ce qui en fait un aliment unique en son genre. De plus, grâce à sa contribution, le régime méditerranéen est considéré comme le régime le plus sain et le plus durable au monde, également grâce à la contribution de l'huile d'olive. Bref, tout porte à croire que cet aliment est d'une grande valeur. C'est pourquoi nous avons demandé aux institutions de lancer une importante campagne promotionnelle consacrée à l'huile d'olive, afin d'éviter la désaffection des consommateurs à l'égard de cet aliment aux qualités nutritionnelles et sanitaires incontestables. Nous espérons que le Congrès de l'huile d'olive nous soutiendra également dans cette bataille, en lui donnant une visibilité internationale et en impliquant d'autres associations. ASSITOL est prête à faire sa part et à collaborer avec tous les acteurs du secteur pour relancer la consommation et la production.